Dans ce nouvel article 3 jours à…, je vous emmène aujourd’hui à Ispahan. Joyau de l’Orient et de la Perse ancienne, Ispahan (Esfahan en farsi) est située au coeur du plateau iranien. Elle fut la Capitale de l’Empire Safavide* entre 1598 et 1736. Cette ville a enchanté et enchante toujours ses visiteurs par ses somptueux monuments religieux décorés de faïences bleues et dorées, ses rues arborées, ses jardins, ses ponts majestueux et surtout sa douceur de vivre. Ispahan fut longtemps considérée comme la plus belle ville du monde avec Constantinople. Dans cet article, je vous emmène 3 jours à la découverte de cette ville qui m’a tant ébloui. Mais avant de partir découvrir Ispahan, je vais brièvement vous raconter comment cette ville s’est transformée en « Joyau de l’Orient ». À la fin du XVIème siècle, un jeune prince Safavide plein d’ambition prend le pouvoir et change le cours de l’Histoire. Fin politique, hardi réformateur et habile stratège, Shah Abbas 1er transforme peu à peu l’Iran en un royaume moderne et prospère. Dès 1592, Abbas inaugure à Ispahan de grands travaux d’urbanisme qui se poursuivront durant toute la période safavide*. Il construira la grande place Meydan -e Chah (rebaptisée place Naqsh-e Jahan) - coeur de la nouvelle cité. Cette immense place (510m de long, 165m de large) va réunir les institutions politiques (le palais Ali Qapu), religieuses (2 mosquées) et commerciales (le grand bazar) de la nouvelle Capitale. Il agrandira les routes, construira des jardins et les fameux ponts qui enjambent la rivière Zayandeh Rud. Très vite, cette ville rayonnera bien au delà de l’Empire et attirera grands nombres de voyageurs occidentaux. À l’époque de Shah Abbas, il y régnera une grande tolérance. Le vin coulait à flot à la cour royale, des communautés chrétiennes, juives et zoroastriennes se développent et les femmes bénéficiaient même de certaines libertés inédites dans le monde musulman. Aujourd’hui certaines de ces libertés ont disparu depuis la Révolution de 1979, mais Ispahan vous séduira par sa douceur de vivre, son architecture et l’hospitalité de ses habitants. Prenez le temps de vous promener le long de la rivière, sur ses ponts, sur sa place centrale et le long des avenues. Revenez sur vos pas, visitez les mosquées aussi la nuit tombée, allez à la rencontre de sa population et vous passerez un séjour inoubliable à Ispahan. Jour 1: À la découverte de la ville et de ses monuments emblématiquesDès mon réveil ce matin, je n’ai qu’une hâte me retrouver au coeur de cette cité dont j’ai tant de fois lu les beautés. Pour cette première journée, je vais découvrir les principaux monuments de la ville en commençant par la mosquée du Vendredi (Jameh Mosque) édifiée au XIème siècle. Je prends un taxi et direction l’ancienne ville. Il m’arrête dans une petite rue derrière la mosquée. Je marche quelques minutes et j’arrive devant l’un des plus anciens bâtiments de la ville. Cette mosquée est juste magnifique. Les mosquées en Iran, avec leurs styles et leurs formes uniques, sont des lieux centraux de la culture musulmane chiite. L’utilisation de miroirs, de mosaïques et d'un subtil jeu de lumières sont les caractéristiques des mosquées iraniennes. Elles sont aussi très souvent construites autour d’une cour extérieure au centre de la structure. Devant tant de beauté et de perfection, je suis en pleine contemplation. À l’intérieur, il y règne une ambiance très paisible, presque méditative. Je croise des iraniens qui me font un petit signe amical de la tête. On est loin de certains temples hindous à la ferveur démentielle et parfois excessive. À la sortie de la mosquée, je suis le chemin et je rentre dans le bazar. Le bazar iranien se découpe selon les professions. Ici les marchands de tapis, plus loin l’électronique et dans une autre allée le marché des aliments. Première remarque: tout le monde me laisse tranquille, personne n’essaie de me vendre quelque chose. Le bazar est vraiment un lieu de vie fait pour les locaux qui y viennent y acheter et marchander ce dont ils ont besoin. Cet endroit est un vrai labyrinthe. À la fin du bazar, j’arrive sur cette fameuse place, le Meydan construite par Shah Abbas. Première impression wouah wouah wouah! Cette place rectangulaire est d’une beauté stupéfiante. Face au bazar se dresse la mosquée du Shah (ou mosquée de l’Immam). Je commence par continuer ma promenade sous les arcades ou se concentrent bijoutiers, orfèvres et céramistes. Ayant entendu parler d’un café assez particulier, je me rends à la maison de thé Azadegan. Le propriétaire a décoré son café avec uniquement de vieux objets recyclés, spectaculaire! Et en plus l’ambiance est plutôt décontractée mélange de touristes et de locaux. Dans ce café il est aussi possible d’y manger de très bons plats typiquement iraniens comme les aubergines grillées. La suite de la matinée se termine en traversant cette place en direction du palais Ali Qapu. Pour le déjeuner, je me rends au Namakdan Mansion, situé juste derrière la place. Le restaurant possède une grande terrasse ombragée, l’ambiance y est très agréable et la nourriture délicieuse. Après le déjeuner, je retourne sur la place et je visite les deux mosquées, la mosquée du Shah, rebaptisée mosquée de l’imam et la mosquée Lotfollah, célèbre pour sa splendide coupole en face du Palais qui était réservée à la famille royale. Cette mosquée adopte la structure d’un oratoire privé, avec une seule pièce servant de salle de prière. En ce sens, elle rompt avec la tradition iranienne qui veut qu’une mosquée soit une structure carrée avec une cour centrale. Et pour terminer petite visite du Palais Royal mais je commence à fatiguer un peu là… Le soir, je vais aller déguster la spécialité d’Ispahan le beryani. En Inde, c’est un plat que j’aime beaucoup composé de riz, d’épices, de légumes auxquels ont peut ajouter de la viande ou du poisson. Le beryani iranien est assez différent, ici pas de riz mais une sorte de galette d’agneau, d’épices et d’herbes servies dans un pain délicieux (en général le sangak). Je suis allé le déguster chez Azam. L’ambiance est très animée et conviviale. Je m’assois à une table entouré d’Iraniens et très vite comme souvent, ils me demandent d’ou je viens, si j’aime l’Iran etc. Finalement, je passerai la soirée à discuter avec ce petit groupe. Jour 2: À la découverte de la nouvelle Djolfa et de la rivièreDeuxième réveil à Ispahan. Ce matin, je m’attarde un peu plus au petit-déjeuner et je discute longtemps avec les deux soeurs qui gèrent la guesthouse. Nous parlons de l’Iran, de leurs rêves et aussi de leur frustration et inquiétude quand à l’avenir (nous sommes au printemps 2019). Ensuite, je marche en direction de la Nouvelle Djolfa, le quartier arménien. Au XVIIème siècle, suite une bataille en Arménie, Shah Abbas ordonna à la communauté arménienne d’une ville de se déplacer en Iran. Des dizaines de milliers d’arméniens vinrent s’établir sur la rive sud de la rivière. Le Shah leur offrit un terrain et leur permit de reconstruire une véritable cité autonome et de pratiquer leur culte (christianisme à majorité catholique). Les arméniens arrivés y construisirent de nombreuses églises et leur liberté de culte fut toujours autorisée (encore aujourd’hui). La plus belle preuve c’est la Cathédrale de Vank construite en 1606 et magnifiquement préservée. Levez la tête et vous y verrez parmi les plus belles fresques du monde. À côté de la cathédrale, ne manquez pas de visiter le petit musée consacré à l’histoire des arméniens de la nouvelle Djolfa. Dans ce quartier, il y règne une ambiance plus décontractée, je dirais même plus libérée qu’ailleurs. Plusieurs petits cafés, boutiques et restaurants rendent ce quartier très sympathique. Cela en fait un endroit idéal pour le déjeuner. Un endroit que j’ai particulièrement adoré dans ce quartier c’est le square de Jolfa (place Jolfa). Je me suis posé sur cette place un long moment en buvant un café et en observant les scènes de vie des ispahanais, l’endroit idéal pour une petite pause. Après le déjeuner, j’ai snappé un taxi (snapp c’est le Uber version persane) et je me suis rendu tout au sud de la ville pour prendre un peu de hauteur. Après être montré dans un téléphérique, je suis arrivé sur le mont Soffeh, une sorte de gros rocher qui domine la ville. La vue sur Ispahan est magnifique et comme partout, je rencontre beaucoup d’iraniens assis par terre en famille, entre amis et qui pique-niquent (le pique nique c’est la passion numéro 1 des iraniens)! Je serai bien resté la-haut pour le coucher de soleil, mais je voulais absolument flâner le long des berges du fleuve, comme le font les locaux, proche du pont Khadjou à la tombée de la nuit. Ce pont est une pure merveille. Il ne fut pas construit par Shah Abbas mais par Shah Abbas II vers 1640. Ce pont avec ses 24 arches et ses 6 pavillons octagonaux est l’un des plus fameux monuments de la ville. Plus encore que la beauté de cette construction, c’est l’ambiance qui y règne en fin de journée que j’ai adoré. Les habitants de la ville s’y réunissent dans une ambiance très amicale et douce. Les gens viennent pour y pique-niquer, mais aussi s’y balader, y faire des rencontres (oui c’est possible mais chut il ne faut pas trop en parler), chanter (sous le pont les hommes viennent y chanter des chants traditionnels a cappella, c’est magnifique). Les deux heures passés sur ce pont ont peut-être été les plus belles heures de tout mon voyage en Iran. C’était magique. Et comme j’y étais en avril, j’ai eu la chance de voir l’eau couler sous les ponts. L’Iran connait des problèmes d’eau (surtout à cause de barrages) et en automne très souvent l’eau ne coule plus sous les ponts d’Ispahan. Pour mon diner, j’ai trouvé un petit restaurant proposant des kebabs (brochettes de viandes) tout à fait sympa! Jour 3: Le palais Chehel Sotoun et retour vers la placeDéjà le 3ème jour. Je n’ai pas vu passer le temps depuis mon arrivée. Ce matin, je prends le métro et je vais aller voir un autre palais, qui fut construit par le successeur de Shah Abbas, Shah Abbas II vers 1650. Le palais Chehel Sotoun, près de la place Royale, se compose de vingt colonnes de bois se réfléchissant dans un bassin qui lui ont valu le surnom de « palais aux quarante colonnes ». Ne manquez pas la salle aux Miroirs dont la magnificence a ébloui les voyageurs depuis plus de trois siècles et bien entendu une balade dans le jardin persan tout autour du palais. Pour midi, je fais simple, je vais aller manger un petit kebab (brochette) avec du riz et la fameuse shirazi salade (tomate, concombre et oignon). Cet après-midi, je pars chez Kermani Gaz Shop. Non ce n’est pas le nom d’une station service. Les gaz sont le nom perse pour les nougats et c’est la spécialité de la ville. Gaz à la pistache, aux amandes, à l’eau de rose, le choix est vaste et c’est un cadeau qui ravira votre famille et amis à votre retour d’Iran. Voilà mon séjour se termine dans quelques heures, et je ne pouvais pas visiter Ispahan sans me rendre dans son plus bel hôtel, l’Abbasi. Cet ancien caravansérail s’est transformé en un hôtel de luxe. Aménagé autour d’un beau jardin agrémenté de bassins, c’est un lieu magnifique pour prendre un thé, un petit gaz et se relaxer sous les cèdres. Si vous avez une petite faim, je vous conseille de gouter la soupe ash-e reshte (soupe de nouilles et haricots). En sortant de l’hôtel, je ne résiste pas à l’envie de retourner vers le fleuve, revivre les moments magiques de la veille. Aller à la rencontres des iraniens, écouter les chants qui résonnent sous le pont Khadjou. Et je retourne même sur la place centrale revoir une dernière fois les mosquées illuminées dans la nuit. Ispahan est un rêve et demain je partirai en direction de Yazd autre ville millénaire. Alors Ispahan est-elle la plus belle ville du monde? Toujours périlleux de répondre à cette question. Je n’ai pas visité toute les villes du monde, mais Ispahan restera à jamais gravée dans ma mémoire et c’est sûr qu’elle se situe dans mon top 3 des plus belles villes que j’ai visité avec Saint-Pétersbourg et Rome. Visiter Ispahan permet de découvrir une des plus belles cités du monde et cette ville au croisement des routes commerciales a su développer et garder une hospitalité unique et comme les voyageurs du XVIème siècle, vous serez ébloui par ses monuments et son architecture somptueuse. Mes meilleurs conseils pour visiter Ispahan
Mon carnet d'adresses3 Hôtels:
3 Restaurants:
Il est facile de bien manger en Iran et à Ispahan encore plus. Voici 3 adresses qui m’ont particulièrement enchanté.
3 Cafés:
3 adresses shopping: J’avoue ne pas avoir vraiment d’adresses shopping à vous recommander pour Ispahan. Néanmoins les plus jolies boutiques que j’ai vues se trouvent à Djolfa dans l’ancien quartier fondé par les arméniens et particulièrement dans la rue Jolfa. Et bien sûr ne pas oublier les arcades tout atour de la grande place pour ramener un souvenir comme par exemple un sublime tapis persan. 3 activités originales:
3 incontournables à Ispahan:
Si vous souhaitez recevoir chaque mois les infos de VENTO Voyages et une sélection de mes meilleures adresses en Europe et Asie, abonnez-vous à ma newsletter. Et si vous avez eu la chance de visiter cette ville, je serai très heureux de lire vos impressions ci-dessous! * Safavide: dynastie qui régna sur l’Iran de 1501 à 1736. Ils sont issus d’un ordre religieux sunnite soufi fondé au XIIIème siècle
0 Commentaires
|
AUTEURStéphane, passionné de voyages et spécialement de l'Orient (Asie), je partage avec vous mes voyages, mes bons plans et mes astuces pour vos prochaines aventures. Archives
Mars 2022
Categories |